Bonheur et plaisir : le duel silencieux entre deux cerveaux

🎯 Et si on confondait deux carburants ?

Le plaisir. Le bonheur. Deux mots que l’on sème partout, dans les cafés de développement personnel, dans les posts LinkedIn boostés aux citations inspirantes… et dans les têtes surmenées qui cherchent un sens au milieu de leurs agendas partagés.

Mais si on prenait le temps de les regarder autrement ?

Le plaisir, c’est le frisson. Le bonheur, c’est l’ancrage. L’un est immédiat, l’autre se cultive. L’un stimule, l’autre stabilise. Et c’est tout un pan de notre cerveau – et de notre système nerveux – qui orchestre cette partition intérieure.

✨ Plaisir : le feu de paille dopaminergique

Le plaisir, neurologiquement parlant, c’est l’affaire de la dopamine. Elle jaillit comme une étincelle dans les circuits de la récompense (noyau accumbens, aire tegmentale ventrale), dès qu’un stimulus promet une satisfaction.

On anticipe. On s’excite. On obtient. Et parfois… on redemande.

C’est efficace, mais fragile. Car le cerveau dopaminergique adore l’effet de surprise… et déteste la répétition. D’où ce sentiment de vide une fois le plaisir consommé.

Et surtout : ce système active le système nerveux sympathique. Celui de l’urgence, du “go go go”, de l’adrénaline qui fait battre le cœur plus vite.

Résultat ? Une tension intérieure masquée par l’euphorie. Une recherche du “plus”, rarement du “mieux”.

🌱 Bonheur : l’art lent de la cohérence

Le bonheur, lui, se construit. Lentement. Profondément. Il s’ancre dans un autre réseau : celui de la sérotonine, du cortex préfrontal, et du réseau du mode par défaut (celui qui s’active quand on ne fait rien, mais qu’on pense beaucoup).

C’est là qu’on digère l’expérience, qu’on relie les points, qu’on retrouve du sens. C’est là aussi que l’on ressent la gratitude, l’apaisement, l’alignement.

Et tout cela ne fonctionne bien que si le système parasympathique est aux commandes : celui du ralentissement, de la sécurité intérieure, de la digestion (émotionnelle aussi).

C’est dans ce système que le bonheur s’épanouit. Loin des pics d’adrénaline, près de la cohérence.

🧠 Antonio Damasio nous souffle à l’oreille…

Selon ce neurologue de renom, nos émotions ne naissent pas d’une simple pensée rationnelle, mais de l’interaction entre le cerveau et le corps.

Ce sont nos ressentis viscéraux, nos états corporels, nos “marqueurs somatiques” qui influencent nos décisions.

Et c’est là que tout se joue : le bonheur n’est pas un but mental.

C’est une expérience incarnée, qui prend racine dans l’alignement entre ce que l’on fait, ce que l’on ressent, et ce que l’on veut être.

🔁 Plaisir ou bonheur ? Ce n’est pas un choix, c’est un dosage.

Le plaisir est nécessaire. Il met du sel dans la vie. Mais s’il devient une course effrénée, il épuise.

Le bonheur, lui, demande de ralentir. De ressentir. De donner du sens à ce que l’on fait. Ce n’est pas une récompense. C’est une cohérence.

Et dans un monde managérial dopé à la performance, peut-être qu’il est temps de réhabiliter le bonheur comme levier d’efficacité durable, plutôt que comme luxe hors-sol.

🎯 TIPS pour passer du plaisir au bonheur au travail (sans culpabilité ni tambourin spirituel)

1. Avant de dire oui à une action : qu’est-ce que ça dit de moi ?

2. Identifie ce qui te fait plaisir… mais aussi ce qui te nourrit.

3. Ralentis régulièrement pour ressentir ce que ton corps te dit.

4. Cherche du sens avant du succès.

5. Répète-toi : ce que je fais n’a de valeur que si je m’y sens pleinement vivant.

   
   

📚 Sources recommandées :

• Antonio Damasio, L’erreur de Descartes (1994)

• Rick Hanson, Le Cerveau du bonheur (2013)

• Paul Gilbert, Compassion Focused Therapy (2009)

• Publications de l’INSERM sur le rôle du système nerveux autonome

  
  

💬 Et vous, dans votre quotidien pro, vous naviguez à quelle fréquence entre les deux ?

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